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À notre plus grande joie, Rosalie Taillefer-Simard a de nouveau accepté d’être notre porte-parole pour la Semaine québécoise des personnes handicapées.
Le thème de cette année, Contribuer à 100 %, illustré par le danseur Lazylegz, l’interpelle particulièrement.
Étant elle-même une artiste handicapée, elle souhaite que la population reconnaisse tout le potentiel des personnes handicapées et mette tout en œuvre pour leur permettre de l’exprimer à 100 %.
Avec son sourire et sa bonne humeur habituels, elle a accepté de répondre à nos questions afin de nous en apprendre plus sur sa vision de la Semaine.
Lorsque nous t’avons proposé d’être à nouveau porte-parole de la Semaine québécoise des personnes handicapées, tu as immédiatement accepté. Pourquoi était-ce important pour toi de t’impliquer à nouveau?
Oui, j’ai accepté tout de suite! On a déjà travaillé ensemble pour la Semaine. On forme une belle équipe et je vous fais confiance. Et je trouve tellement qu’il y a encore des choses à améliorer pour les personnes handicapées. Je le sais avec mon vécu et aussi celui d’amis et de personnes handicapées que j’ai croisées. Je vois ces personnes qui ont du potentiel et je veux qu’on les mette en valeur. Parfois, l’image qu’on peut avoir des personnes handicapées, c’est qu’elles ne sont pas autonomes, qu’elles n’ont pas de but dans la vie. Non, c’est faux! Il faut changer cette manière de voir. C’est pour ça que j’ai accepté très rapidement de m’impliquer.
Est-ce que tu pourrais nous parler de ton incapacité?
Je suis une personne malentendante. J’ai été implantée à l'âge de 4 ans et demi. Avec l'implant, j’entends bien. C'est sûr que ce n’est pas parfait. Il y a de petites choses comme la musique, la radio, l'intercom et la télé que je n’entends pas parfaitement. Mais je suis habituée comme ça depuis toute petite. Je n’ai pas de peine de ne pas entendre parfaitement, de ne pas avoir connu les frissons d'entendre une musique. Je suis bien comme je suis.
Puis mes parents, ils m'ont toujours traitée comme tout le monde. Ils ne disaient pas que j’étais différente, et pour cette raison, je me sentais incluse dans la société.
Je vais te raconter une anecdote sur mon incapacité. Cette année, j’ai reçu un appel téléphonique, j’étais toute seule à la maison. Un monsieur me parlait, mais il y avait tellement de bruits de fond que je ne comprenais rien. Alors je lui ai dit : « Monsieur, je suis une personne malentendante. Est-ce que vous pouvez aller ailleurs pour me parler? C’est très bruyant. » Il a continué à parler comme si de rien n’était. Alors je lui ai laissé mon adresse courriel en lui disant de m’écrire. Mais il continuait de parler comme si je comprenais… Alors j'ai dit : « Je m'excuse, monsieur, mais je vous avertis que je vais raccrocher. » Je l’ai averti que j’allais lui raccrocher au nez! (Rires.) Avec ma famille, on a bien ri de cette situation. Mais cela montre qu’il y a des gens qui ne comprennent pas notre réalité, c’est pour ça qu’il est important d’en parler.
Quand tu vis des situations comme celle-là, qu’est-ce que les gens peuvent faire pour t’aider?
On peut toujours trouver des solutions. Si je ne comprends pas, la personne peut m’écrire un mot sur papier, elle peut me faire ses signes. Je dois voir son visage, et elle ne doit pas parler trop vite. L’important, c’est de sensibiliser les gens, pour qu’ils sachent comment réagir. Et en tant que personne handicapée, il ne faut pas non plus hésiter à mettre les gens au courant de notre incapacité. Plus on va en parler, plus les gens vont être informés.
Selon toi, en 2022, quels sont les principaux obstacles que rencontrent encore les personnes handicapées?
Ce sont des détails qui changent toute leur vie. Quand on veut réaliser un projet ou une activité, par exemple un match de soccer, il faut penser « accessible ». Le coach doit se dire : qu’est-ce que je pourrais modifier pour que la personne autiste puisse elle aussi participer? Tout est là. C’est ça qui fait en sorte que les personnes handicapées peuvent profiter de la vie et s’épanouir à 100 %.
Le danseur Luca Patuelli, alias Lazylegz, est cette année à l’honneur sur nos visuels. Tu es toi-même une artiste handicapée. Quel rôle l’art a-t-il joué dans ta vie?
J'ai grandi avec mes parents qui sont dans le monde artistique, c'est sûr que les arts, ça fait partie de moi. Je trouve que ça fait du bien psychologiquement et physiquement. Quand on est différent, on peut s'exprimer plus facilement à travers l'art.
Quand j'ai dit à mes parents, je veux danser, ils ne m'ont jamais dit : « Tu ne peux pas. Comment tu vas suivre la musique? » Ils m'ont encouragée, et c'est ça qu'il faut aussi. Ce que j'aimerais dire à tout le monde, c'est de laisser les personnes handicapées essayer ce qu’elles veulent faire. Si ça ne marche pas, elles vont le réaliser par elles-mêmes. On peut toujours réessayer plus tard, essayer d’autres choses ou essayer différemment. Mais ne décidez pas pour elles. Les encouragements, ça encourage la personne à toujours aller plus loin.
Est-ce qu’il y a un message en particulier que tu aimerais adresser aux personnes handicapées?
On entend souvent : « Quand on veut, on peut. » Moi je dis plutôt : « Quand on veut, on explore. » Ça veut dire qu’on essaie, on explore, et on peut trouver d’autres façons de faire les choses.
De manière générale, qu’aimerais-tu que les gens retiennent durant la Semaine québécoise des personnes handicapées?
Je veux juste qu'on retienne que nous, les personnes handicapées, on garde espoir, on continue d'avancer, puis on mérite notre place dans la société.
Il y a tellement de personnes handicapées qui ont du potentiel. Il faut les inclure partout. Dans le marché du travail, dans les médias, dans les sports, dans les arts. Parce que, honnêtement, si on est tous réunis, tout le monde ensemble, on est plus forts.
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