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La classe de l’enseignante Danielle Viau du Centre d’éducation des adultes des Sommets est une vraie pépinière à projets.
En effet, les élèves handicapés de sa classe ont mis sur pied une coopérative, la Coop Jardi-Serre, en 2007. Pendant toutes ces années, ces élèves ont appris à développer leurs compétences en horticulture et en entrepreneuriat.
Toutefois, la pandémie a mis sur pause cette belle aventure entrepreneuriale de la Coop Jardi-Serre. Grâce à leur esprit d’initiative, ces jeunes adultes avec l’aide de leur enseignante ont su se démarquer en racontant dans des bandes dessinées les aventures vécues tout au long de leur projet d’horticulture et d’entrepreneuriat.
À l’occasion de la Semaine québécoise des personnes handicapées, l’équipe de l’Express-O a rencontré l’enseignante Danielle Viau et sept de ses élèves. Il s’agit de Jennifer Paquet, Luc Pépin, Céline Forand, Myriam Marcotte, Carl Lafrance, Alexandre Schinck et Guillaume Gagné. Nous avons d’abord demandé à madame Viau de nous présenter brièvement les objectifs de ce projet de bandes dessinées (BD) réalisé par ses élèves. Puis, nous avons demandé à ses élèves de nous dire ce qu’ils retirent de ce projet.
Selon l’enseignante Danielle Viau, le projet de bandes dessinées s’est d’abord imposé avec l’arrivée de la pandémie. « La pandémie nous a mis dans des contextes d’apprentissage fort différents que ce à quoi on était habitué avec le projet d’horticulture. C’était un très beau laboratoire. On avait créé une serre et les jeunes travaillaient beaucoup à explorer leurs compétences. Les restrictions imposées par la pandémie ne nous permettaient plus d’y aller. Alors on a transformé cette difficulté en opportunité. Cette idée d’utiliser la bande dessinée pour raconter leurs souvenirs et leurs expériences leur a permis de répondre à un grand besoin de pouvoir échanger entre eux, d’apprendre à communiquer, à exprimer leurs émotions et de sortir de leur isolement », mentionne-t-elle. C’est pourquoi l’idée d’utiliser la bande dessinée pour raconter les souvenirs de ses élèves, de leurs expériences dans la Coop Jardi-Serre a pris tout son sens pour développer leurs habiletés à communiquer tant à l’oral qu’à l’écrit en intégrant des technologies auprès de ses élèves handicapés. « Ce qui est merveilleux avec la bande dessinée, note madame Viau, c’est qu’on peut découper ça en séquences, ça permet de faire des liens et c’est plus concret grâce aux images. Plusieurs photos ont été sélectionnées parmi celles que nous avions afin de créer des suites dans le récit. Les élèves avaient déjà pris des cours de photo. Ils ont continué d’en prendre de nouvelles avec les IPad et ils ont appris à utiliser des applications pour les transformer en croquis. Carl a mis à profit ses habiletés en informatique pour aider tout le monde dans la classe. Ils ont tous été mis à contribution pour raconter leurs souvenirs. Toutes leurs discussions ont été utilisées pour écrire des récits. On apprend à les connaître mieux à travers les différents dialogues de la BD. Ils ont choisi de parler de leur vécu et je pense que c’est d’une richesse incroyable! Ils ont appris à se connaître, mais aussi à mieux exprimer ce qui est important pour eux. Plusieurs apprentissages ont été faits tant sur le plan du numérique, qu’à l’écrit et à l’oral ».
Nous avons demandé à Jennifer, Guillaume, Alexandre, Carl, Myriam, Céline et Luc de nous parler de ce qu’ils retirent de leur projet de BD et d’entrepreneuriat.
« On a eu au début deux projets qui étaient en marche : la Coop Jardi-Serre et le voyage qui aurait eu lieu en Équateur. À cause de la pandémie, ça a fait banqueroute, on est obligé d’attendre que la Covid soit finie pour faire un voyage. Alors on a décidé de faire comme autre projet les BD. La BD que je vous présente, c’est l’histoire de la Coop qu’on va raconter. On parle de notre expérience avec nos propres sentiments », a commenté d’emblée Jennifer Paquet qui est aussi la présidente de la Coop.
Quant à Guillaume Gagné, il a réalisé sa BD pour parler de son cheminement avec son chien MIRA. « Ma BD se divise en deux grandes catégories : je raconte mon cheminement avec mon chien Mira et je donne des renseignements sur les comportements qui sont adaptés avec un chien d’assistance. J’explique aussi comment j’ai évolué en allant à l’école. Il faut savoir qu’au début de mes années d’études ici, je n’étais pas vraiment à l’aise à communiquer avec les autres personnes. J’étais pas mal solitaire. Mais, j’ai appris et j’ai fini par rencontrer Carl. On s’est trouvé beaucoup d’intérêts communs. Puis, on est tous les deux des personnes qui n’abandonnent pas devant les difficultés. J’ai appris à élargir mes horizons et à être moins gêné avec les élèves de la classe en général. »
Ayant à cœur de transmettre son expérience pour en inspirer d’autres, Alexandre Schinck a raconté dans sa BD les péripéties vécues dans la Coop au fil du temps. « J’avais envie de transmettre toute notre histoire, toutes nos émotions et nos idées pour en faire une autobiographie pour que tout le monde soit au courant de nos connaissances et de nos réussites. J’ai été là à la création de la Coop Jardi-Serre jusqu’à maintenant. J’ai même eu un emploi en emballage parce que les tâches de production sont similaires à ce que j’ai appris dans la serre. J’ai un handicap, mais ça ne m’a pas empêché de faire des efforts, à accomplir des défis et à avancer en tant qu’être humain. »
De son côté, Carl Lafrance a expliqué dans sa BD ce qui l’a amené à faire un changement dans sa vie et comment il s’adapte maintenant mieux aux changements grâce à son expérience à l’école. « Je suis un gars qui adore l’école. L’éducation aux adultes, c’est comme un laboratoire. On fait des expériences pour savoir si je veux faire ça plus tard. Je suis un gars serviable qui aime aider les autres. Mon talent, j’adore l’informatique. J’aide souvent Danielle ou les autres s’ils ont des problèmes avec les tablettes ou les ordinateurs. Je suis fier d’avoir contribué à la création des BD et d’avoir transformé les photos en croquis pour BD. »
Pour ce qui est de Myriam, elle a parlé de sa résilience et de la façon dont elle a appris à gérer ses émotions durant cette difficile période de pandémie. « J’ai soufflé sur un nuage noir pour éloigner le négatif puis le transformer en positif. Ça m’a permis d’avoir de la joie dans le cœur. »
Céline Forand a raconté dans sa BD qu’elle avait préparé un kiosque lors d’une journée porte ouverte. Elle avait montré à des visiteurs comment fabriquer des pièges à insectes. Elle est très fière d’avoir pu faire une démonstration de son savoir-faire. « C’est moi qui leur ai montré ça. Je suis fière de moi et je fonce plus qu’avant. »
Pour sa part, Luc Pépin a raconté dans sa BD son cheminement pour réussir son examen de conduite de scooter. « Moi, j’ai eu un grand rêve de suivre un cours de conduite de scooter. J’ai 52 ans, ce n’est pas facile de suivre un cours et passer des examens. J’ai demandé de l’aide pour lire. Je n’ai pas lâché, je voulais réussir! À l’école j’ai appris à faire un budget et j’ai ramassé mes sous pour acheter mon scooter. »
Dans le cadre de la Semaine québécoise des personnes handicapées, les élèves de madame Viau espèrent que tout ce qu’ils ont pu accomplir dans ce projet puisse servir à d’autres personnes. « C’est de transmettre tout ça et pour montrer aux personnes handicapées qu’elles peuvent accomplir l’impossible même si elles ont un handicap. Ce n’est pas une faiblesse et ça peut devenir une force si vous vous mettez ensemble comme le font les oies parce que c’est comme ça que notre coop a toujours fonctionné », a conclu Alexandre.
Pour en apprendre davantage, consultez leur projet de bandes dessinées et d’entrepreneuriat.
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